« La résilience peut être renforcée de manière ciblé »

Entretien avec Daniel Müller, coach et fondateur d’ENSO Coach Sàrl*.

En tant qu’expert en résilience, peux-tu expliquer ce que l’on entend par résilience et pourquoi ce sujet te fascine tant ? 

La résilience décrit la capacité d’une personne, d’une équipe ou d’un système à s’adapter à la situation malgré les défis, les crises, les changements ou le stress, à surmonter les échecs et à en ressortir plus forte. Elle englobe la résistance psychique, la flexibilité et la compétence d’adaptation aux changements sans affectation à long terme. Elle est influencée par les ressources personnelles (l’efficacité personnelle, l’optimisme, entre autres) et les facteurs sociaux (les réseaux de soutien par exemple). 

Ce sujet me fascine, parce que la résilience peut être apprise et développée à presque tout moment de la vie. Il ne s’agit pas d’une construction statique, mais d’un processus qui peut être influencé, voire entraîné. Dans une large mesure, nous pouvons ainsi orienter et guider ce développement. Seule condition : nous devons le vouloir et être en mesure d’en assumer la responsabilité. Dans un monde marqué par la pression et le stress, la résilience est une clé pour être performant·e· à long terme, être en bonne santé et continuer à se développer. Dans mon travail de coach et de formateur en résilience, je suis toujours fasciné par la rapidité avec laquelle les personnes que j’entraine progressent et améliorent ainsi de manière significative leur qualité de vie. 

Comment renforcer sa résilience et de manière générale qu’est-ce qu’un haut niveau de résilience ? 

La résilience peut être renforcée de manière ciblée pour mieux gérer le stress, les crises et les échecs. Voici quelques stratégies ayant leurs preuves : 

  • Développer l’acceptation: accepter les situations qui ne peuvent pas être modifiées, se concentrer sur les solutions plutôt que sur les problèmes. 
  • Renforcer l’optimisme: mettre l’accent sur les opportunités et les possibilités d’apprentissage, pratiquer consciemment la pensée positive. 
  • Encourager l’efficacité personnelle : avoir confiance en sa propre capacité à relever les défis, prendre conscience des petits succès et les célébrer.
  • Développer l’intelligence émotionnelle : réfléchir à ses émotions et les réguler, réduire consciemment le stress, par exemple en étant pleinement conscient·e et en bougeant.
  • Utiliser les réseaux sociaux : accepter le soutien de la famille, des ami·e·s ou des collègues, un réseau solide fournit un soutien dans les moments difficiles.
  • Entraîner la capacité d’adaptation: réagir avec souplesse aux nouvelles situations. voir le changement comme une opportunité plutôt que comme une menace. 

Un haut niveau de résilience signifie qu’une personne reste capable d’agir même sous pression ou dans des moments difficiles. Les personnes résilientes se remettent plus rapidement des échecs, restent optimistes et orientées vers les solutions, gèrent mieux le stress, apprennent des défis et en sortent grandies. 

Le concept de résilience semble être très à la mode. Dans ce contexte, quels développements négatifs vois-tu ? 

La résilience est sans aucun doute une compétence précieuse, mais son engouement actuel comporte également des risques et des développements problématiques. Je vois à cet égard les points critiques suivants : 

  • Sur-responsabilité individuelle (« C’est ta faute si tu ne t’en sors pas ! »). 

On se représente souvent la résilience comme une responsabilité uniquement individuelle de faire face aux pressions. Or, la force mentale ne permet pas de surmonter toutes les crises ; les problèmes structurels, les cadres de travail toxiques ou la pression sociale ne peuvent pas être simplement « résiliés ». 

  • La résilience comme contrainte à la performance permanente (« Toujours continuer ! ») 

Une mauvaise interprétation de la résilience peut conduire les gens à penser qu’ils ne peuvent pas s’autoriser pas à montrer des signes de faiblesse ou à faire des pauses. Une pression permanente pour être toujours résilient·e peut avoir l’effet exactement inverse : épuisement et stress psychologique. 

  • Commercialisation du terme 

La résilience est devenue une tendance marketing, qu’il s’agisse de programmes de coaching, de livres d’auto-défense ou d’ateliers d’entreprise. De nombreuses offres sont précieuses, mais un flot de cours superficiels « Boostez votre résilience » existe également, qui ne résolvent pas les véritables défis. 

La résilience peut être un facteur de carrière. Comment un cadre peut-il aiguiser ses antennes pour détecter les crises et les bouleversements auxquels sont confronté·e·s ses collaboratrices et collaborateurs et les accompagner de manière appropriée ? 

La résilience n’est pas une performance individuelle, les cadres jouent un rôle décisif dans l’accompagnement de leurs collaboratrices et collaborateurs lors de crises et de bouleversements. De mon point de vue et par expérience, les cadres peuvent reconnaître les crises à temps. Il faut:  

  • Écouter activement : Des entretiens réguliers 1:1 aident à percevoir à temps les signes de surcharge ou de stress. 
  • Observer le baromètre de l’ambiance dans l’équipe : percevoir et prendre au sérieux les changements dans la manière de travailler, la motivation ou la communication. 
  • Créer une culture du feedback ouverte : le personnel doit se sentir en sécurité pour exprimer ses soucis et ses défis. 

Les cadres peuvent rendre le personnel plus résilient en : 

  • Lui donner de la sécurité: en période de changement, les équipes ont besoin de clarté sur les attentes, les objectifs et les perspectives. 
  • Encourager la culture de l’erreur : apprendre des échecs plutôt que d’avoir peur de faire des erreurs. 
  • Renforcer l’efficacité personnelle : donner des responsabilités aux collaboratrices et collaborateurs pour qu’elles et ils ressentent leur propre capacité d’action. 
  • Donner l’exemple de la flexibilité : communiquer le changement comme une chance et non comme une menace. 
  • Établir une culture de travail saine : encourager activement la gestion du stress, les phases de récupération et un équilibre sain entre performance et pauses, et donner l’exemple. 

Les cadres qui reconnaissent les crises et les accompagnent activement créent un environnement dans lequel le personnel s’épanouit, même dans les moments difficiles. 

Interview d’Elias Toledo, secrétaire d’association

*Expert chevronné, notamment dans les domaines de la résilience, du coaching et du reclassement, Daniel Müller accompagne depuis plus de quinze ans les personnes en changement, grâce à son expertise et sa longue expérience de gestion. C’est pour lui une affaire de cœur d’assumer des responsabilités dans des moments décisifs et exigeants. En tant que personne pleine de vitalité et formateur en résilience, il organise son temps libre de manière consciente et active. Il intègre une activité physique régulière dans son quotidien, que ce soit par le biais du sport ou d’activités dans la nature. Le temps consacré à la pleine conscience et à l’introspection est important pour lui et trouve également sa place dans son quotidien.  L’APC apprécie grandement le travail de Daniel Müller, autant pour les membres que pour l’association elle-même 

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